Youtube, l’observatoire du souffle
Il est passionnant d’observer ce que chacun a mis en place pour pouvoir s’exprimer et Youtube est un excellent observatoire pour ça. Commençons par le joueur que j’ai trouvé rapidement sur YouTube en tapant « didgeridoo ».
Mitchell Cullen
Je vous laisse écouter ces trois vidéos. Observez bien son jeu et notez ce qui ressort le plus. Ne cherchez pas trop, juste ce qui vous vient. Écoutez aussi le moment où il inspire de l’air.
Je vous retrouve juste après pour l’analyse.
Avez-vous trouvé la respiration de Mitchell ?
Mis à part l’évolution du bonhomme (!), avez-vous pu observer les sons les plus joués par Mitchell ?
Vous l’aurez remarqué, ce qui saute tout de suite aux oreilles, ce sont ces cris (très bien maitrisés !) qui reviennent très souvent. On entends aussi quelques sur-vibrations…
Mais ici, c’est surtout sa respiration qui nous intéresse. Il respire sur ce que j’ai appelé le « ON », la « respiration rebond ».
Que nous apprends cette respiration ?
Le ON est LA respiration la plus dynamique du didgeridoo. Pas étonnant donc que Mitchell, dont le jeu est vif est choisi cette respiration (certainement de manière inconsciente).
Elle s’associe très souvent avec les cris et/ou les survibrations. Et surtout, elle se place quasiment toujours en fin de phrase. Ré-écoutez les vidéos et observez la place de sa respiration.
Mitchell a développé son style (comme beaucoup d’australiens d’ailleurs) avec cette respiration. Plus de 4 ans séparent la première et la dernière vidéos, mais le jeu est resté le même.
Si Mitchell veut changer ses habitudes, il devra modifier sa respiration. Il pourrait par exemple, moins l’attaquer pour aller vers plus de souplesse…
…Exactement comme le fait Jeremy Donovan que je vous présente juste après !
Jeremy Donovan
Jeremy est lui aussi australien, plus exactement métisse Aborigène. On le trouve facilement sur Youtube avec une vidéo qui a fait plusieurs millions de vues (voir plus bas). Écoutez son jeu.
Avez-vous trouvé la respiration de Jeremy ?
C’est indéniable, le jeu de Jérémy est plus tranquille que celui de Mitchell ! Il joue de longues nappes harmoniques qui sont par nature, très douces et qui lui offre un son ample.
Il utilise sa voix mais ce sera volontiers plus de la voix grave, plus lente.
On pourrait résumer le style de Jeremy comme méditatif…
… Et ça tombe bien car il utilise LA respiration la plus souple qui soit : le « WON ».
Que nous apprends cette respiration ?
Le « WON » est une respiration que l’on pourrait nommer comme passive. Elle symbolise le lâcher prise. On se laisse porter par le son, c’est elle qui guide notre jeu et pas l’inverse.
Elle se joue souvent dans des nappes harmoniques (ce que joue Jeremy), dans des rythmes plutôt lents.
Si Jeremy dynamisait un peu son « WON », il irait vers le style de Mitchell. D’ailleurs, c’est ce qu’il commence à faire dans cette vidéo. Cependant, je ne pense pas qu’il en soit conscient, le changement n’est donc pas flagrant.
En revanche, s’il l’accélérerait, il évoluerait vers des « WA », comme le jeu d’Ash Dargan ci-dessous.
Ash Dargan
Ash Dargan est aussi un joueur aborigène. Tout comme les deux joueurs pré-cités, il ne joue pas traditionnel et à développer son propre style. Il m’a beaucoup inspiré à mes débuts !
Que nous apprends cette respiration ?
Avez-vous entendu les « WA » ? Ash Dargan a été un des premiers (à ma connaissance) à les jouer. Depuis, les « WA » se sont développés partout dans le monde.
Le jeu d’As Dargan est souple tout en étant dynamique, deux qualités que les « WA » possèdent.
Le WA est au centre du jeu d’Ash Dargan et conditionne tous ces phrasés.
Qu'on se le dise : les respirations conditionnent notre jeu !
Si vous regardez toutes les vidéos sur YouTube de ces joueurs, vous êtes sûr de retrouver ces mêmes respirations et ces mêmes qualités.
Vous voyez maintenant un peu plus ce que je veux dire ?
En réalité, nous sommes tous enfermés dans nos habitudes ! Vous avouerez que c’est quand même dommage !
Avec cette formation, je vous propose d’en sortir.