Quel est le mystérieux secret du souffle continu ?

Aaaah le souffle continu ! Cette légendaire et mystérieuse technique ! Pour rappeler son principe, la respiration circulaire permet aux musiciens de jouer en continu sans devoir s’arrêter pour reprendre de l’air.  Grâce à cette capacité, cette technique respiratoire a de quoi intriguer ! D’ailleurs, les joueurs de didgeridoo le savent bien et après avoir annoncé souffler dans un biniou, la question qui suit est immanquablement : « Ah oui ? Et tu as le souffle continu ?!?! ». Alors, préparez-vous chers amis néophytes et connaisseurs, car il est temps de lever le voile sur des mécanismes obscurs dont seuls les initiés avaient jusqu’à maintenant la primeur ! (Et si vous souhaitez apprendre le souffle continu rendez-vous ici : 7 vidéos gratuites pour maitriser le souffle continu !)

Le souffle continu, qu’est-ce que c’est ?

La question que tout le monde se pose est : « Comment peut-on inspirer tout en expirant ?! C’est impossible ! ». Rassurez-vous, oui c’est tout simplement impossible.
Le fonctionnement du souffle continu est identique à celui de la cornemuse à la différence près que la réserve d’air n’est pas à l’extérieur du corps, mais dans sa cavité buccale (dont le plus grand volume est obtenu joues gonflées). Le musicien devra utiliser une réserve d’air pour continuer le bourdon pendant l’inspiration. Il suffit donc de pousser l’air contenu dans la bouche pour, pendant ce temps-là, inspirer par le nez. Et c’est précisément cette phase de synchronisation qui pose souvent le plus de difficultés aux débutants.

Doit-on parler de souffle continu ou de respiration circulaire au didgeridoo ?

Les deux termes sont bons et regroupent la même technique. Souvent, dans le monde du didgeridoo on parle de RC (pour Respiration Circulaire) car c’est tout simplement plus rapide à prononcer.

Comprendre le mécanisme du souffle continu au didgeridoo

Pendant la phase d’inspiration, le musicien doit donc continuer à expulser de l’air pour maintenir le bourdon (ou le son de l’instrument à vent). Pour cela, il existe deux grandes manières de pousser l’air à l’extérieur et donc de maintenir un filet d’air ininterrompu :

  • Les joues

    C’est la technique plus connue (mais certainement la moins jouée !). Dans ce cas de figure, on poussera l’air à l’extérieur grâce à celles-ci.

  • La langue

    Cette méthode est plus confidentielles que les joues, car notre langue travaille dans l’ombre. De plus, on a rarement conscience de ses mouvements. Or, la plupart du temps, c’est bien la langue qui joue le plus grand rôle dans le souffle continu ! C’est que je vais vous expliquer juste après. La langue finira-t-elle par avoir ses lettres de noblesse face aux dictats des joues ? Seul l’avenir nous le dira !

Décortiquons encore un peu plus le mouvement du souffle continu

Que se passe-t-il donc à l’intérieur de la bouche durant tout le processus ?

  1. Le joueur a le besoin d’inspirer. Il va donc devoir isoler une réserve d’air de ses poumons. Pour cela, le fond de la langue vient se plaquer contre le voile du palais. (voir la vidéo ci-dessus au début du WO)
  2. Ensuite, l’inspiration a lieu. L’air rentre par le nez et va aux poumons. Le joueur expulse alors au même moment la réserve d’air contenue dans sa bouche.

Du didgeridoo sous IRM pour mieux visualiser le souffle continu

Voici une vidéo de Rodrigo Viterbo qui a joué dans une IRM. On peut observer, au moment du WO (qui symbolise le moment où il inspire), son fond de langue se plaquer sur le voile du palais. Ensuite, ce même fond de langue part vers l’avant pour chasser l’air de la bouche.

Rodrigo Viterbo jouant du didgeridoo dans une IRM. Découvrez l’expérience sur son site (en anglais).

En regardant de plus près, on se rend compte que le joueur a plusieurs choix pour faire le souffle continu. Il pourra donc choisir entre:

  • ses joues, ce sont elles qui offrent la plus grande capacité d’air. Elles laisseront donc la possibilité de faire un son plus long pour une inspiration plus grande.
  • son fond de langue, après la langue, il permet de pousser la plus grosse quantité d’air. En effet, il y aura encore un gros volume d’air entre le fond de la cavité buccale et les dents. Il convient donc aussi aux jeux plutôt lents.
  • son milieu de langue, avec un volume d’air restreint et donc une inspire plus courte, le rythme devra être assez rapide sous peine de petite coupure dans le son.
  • Et enfin son bout de langue, cette dernière n’est exploitable uniquement pour les jeux rapides du fait de la très faible quantité d’air à expulser.

Le but au didgeridoo est de chercher le maximum d’indépendance entre ces différentes parties.
Il sera ensuite possible de mélanger toutes ces techniques, exactement comme le peintre qui mélange les couleurs primaires pour former une infinité de combinaisons. Bien sûr, le tout est lié et ne peut pas être 100% indépendant. Ceci dit, cela ne doit pas nous empêcher de repousser nos limites ! Pour ceux qui auraient noté l’absence de la mâchoire, c’est voulu, car elle n’est « qu’une aide » pour la langue.

La grande erreur au sujet souffle continu au didgeridoo !

Il existe donc bien une réelle confusion entre le rôle des joues et de la langue. Pour mieux comprendre comment cette incompréhension s’est répandue, prenons pour exemple cette vidéo de Kenny G expliquant la technique de souffle continu adaptée au saxophone.

On peut voir très clairement que ses joues se gonflent très peu. Elles bougent effectivement légèrement (et encore), mais c’est bien sa langue qui fait la grosse partie du travail. Les joues ne sont qu’accessoires. Et pourtant, il nous explique pousser l’air avec ses joues ! À l’heure où j’écris cet article, cette vidéo a été vue 592 536 fois ! On comprend vite comment le malentendu entre joue et langue a pu s’auto-entretenir !

Bien sûr, je n’ai rien contre Kenny G.. Cette vidéo est juste un exemple pris au hasard. Il en existe de nombreuses autres sur internet.

Un souffle continu pour chaque rythme de didgeridoo !

On s’aperçoit vite que, suivant les rythmes joués, il sera nécessaire d’utiliser telles ou telles techniques. Et c’est là la réelle difficulté de la respiration circulaire ! En effet, un joueur prendra vite l’habitude de n’utiliser qu’une de toutes les techniques mentionnées ci-dessus. Pourtant, jouer du didgeridoo avec un seul souffle continu limitera énormément les rythmes et les possibilités de variations. Car un fond de langue sera globalement toujours joué lentement. À l’inverse, un bout de langue enfermera le joueur à produire des sons courts et donc des rythmes rapides sous peine d’avoir un jeu haché.

Déterminé à apprendre le souffle continu !

Pour la petite histoire, je me rappelle très bien du moment où j’ai compris le mécanisme du souffle continu. C’était quelques semaines après avoir commencé à jouer du didgeridoo. Un soir, j’étais couché dans mon lit prêt à dormir. Je tentais de suivre un exercice que l’on m’avait préconisé de faire sans didgeridoo pour comprendre le souffle continu.
Je m’étais dit : « ok Gauthier, tant que tu n’auras pas compris ça, tu ne dormiras pas. ». Après quelques heures à m’entraîner, j’avais réussi à inspirer par le nez tout en vidant mes joues… J’avais compris et le soleil venait de se lever. Certainement une de mes plus belles nuits blanches !

Conclusion : Le souffle continu est complexe mais accessible

Vous l’avez vu lorsque l’on creuse un peu plus, apprendre et maîtriser le souffle continu sous toutes ses formes demande des années. Mais croyez-moi (ou pas d’ailleurs !), la technique de base est rapidement accessible.  Avec de bons exercices et un son préalablement stabilisé, la plupart de mes élèves comprennent le mécanisme en 2 ou 3 cours pas plus (voir aussi : 7 vidéos gratuites pour maitriser le souffle continu !). Reste ensuite à le rendre fluide, ce qui vient avec la pratique. Oubliez donc ceux qui vous disent que cela prend des mois et des mois : ils n’ont pas eu les bons exercices ou n’ont pas pratiqué régulièrement ! Tout musicien soufflant dans un instrument peut acquérir la respiration circulaire très rapidement et ainsi s’ouvrir à de nouveaux horizons. Et si vous êtes joueurs de didgeridoo, je ne peux que vous encourager à découvrir et apprivoiser les différentes techniques de souffle continu !

Si vous avez appris des choses dans cet article, le meilleur moyen pour me remercier est de le partager ou de laisser un commentaire.
Vous n’imaginez pas comme c’est encourageant !

À propos de l'auteur

Gauthier Aubé

Gauthier Aubé

Ami.e.s du didgeridoo bonjour ! Je m'appelle Gauthier Aubé et je suis le fondateur de Wakademy, l'école française du didgeridoo. Si vous vous demandez comment Wakademy peut vous aider à progresser au didgeridoo, je vous invite à visiter cette page. D'ici là, longue vie au souffle ! 💫

À vous la parole ! 🎤

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Marjolaine
Marjolaine
5 années il y a

Bonjour Gauthier,
J’ai la chance d’avoir ton livre pour apprendre à jouer du didg, seulement je n’arrive pas bien à une étape du souffle continu. J’ai réussi à supprimer les deux silences avant et après l’inspire, mais pour je n’arrive pas à comprendre comment desserrer mes lèvres au moment de l’inspire (étape 5). Pour l’instant le son est très moche et ressemble à un gros pet! Aurais-tu un conseil ou des petits exercices supplémentaires pour que je comprenne comment changer ce son de pet en son de didgeridoo? Merci pour la méthode, pour l’instant c’est avec grand plaisir que je la suis.
Marjolaine

Vandekerckhove
Vandekerckhove
6 années il y a

Bonjour et merci pour tous les informations sur le souffle contenu. Cependant j’ai une petite question. En me rappelant une émission de Christophe de Chavannes ou un moine Tibétains venez faire un son continue guttural avec sa bouche. Est-ce que, selon vous, il utilisait la même technique ? Parce que du coup le son sortait effectivement de sa bouche et non pas d’un instrument il devait donc aspirer.

Romu
Romu
7 années il y a

Aaaah la RC ! ☺Quand j’y repense, c’est une des choses qui m’a donné envie de jouer du didgeridoo en plus du son qui me fascinait bien sûr et du fait que je ne connaissais rien au solfège. Et oui j’entendais tellement dire que c’était pas possible et compliqué à acquérir que je me suis dis: » et bien moi je vais réussir » J’ai alors acheté mon premier bambou et…. que j’ai galéré !! Tout ça comme tu l’expliques bien Gauthier parce que je n’avais pas compris le mécanisme et je cherchais à n’utiliser que mes joues. Finalement j’y suis quand même arrivé seul mais en ne sachant même pas que ma langue faisait le gros du boulot. En tout cas j’ai pu comprendre bien plus tard avec tes cours et ton workshop ce qui se passait vraiment, et qu’il y avait plusieurs RC.
Voilà, je voulais juste faire part de ma modeste expérience de la RC.
Extra la vidéo avec l’IRM, je ne connaissais pas, c’est une super idée pour se rendre compte.
Continue tes articles Gauthier, c’est top

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