Le didgeridoo trouve ses origines chez les Aborigènes d’Australie. Plus précisément dans une petite partie de cet immense pays : au nord du Northem Territory. À quelques heures de pistes de Darwin, dans une nature tropicale au climat hostile des Terres d’Arnhem, quelques irréductibles Aborigènes conservent encore aujourd’hui les racines du didgeridoo. Alors prêts pour un voyage de l’autre côté de la planète ? Allons-y !
Tous les Aborigènes ne jouent pas du didgeridoo
La première chose à savoir est que tous les Aborigènes ne jouent pas du didgeridoo ! Souvent lorsque l’on parle des Aborigènes d’Australie, ils nous semblent n’être qu’une seule et même culture. Pourtant il existe plus de 200 communautés distinctes avec des dialectes et des coutumes bien à elles. Ainsi tous les Aborigènes ne chassent pas au boomerang ni ne jouent du didgeridoo ! Évidemment de nos jours, beaucoup d’entre eux se sont mis à souffler, le didgeridoo étant devenu un symbole de leur culture. Mais à l’origine, le didgeridoo était joué dans très peu de communautés, la plupart se trouvant en Arnhem Land. Un des célèbres représentants du didgeridoo chez les Aborigènes est Djalu Gurruwiwi (cf. la vidéo ci-dessous).
Djalu Guruwiwi fabriquant un Yidaki
D’où vient le mot didgeridoo ?
Le nom « didgeridoo » n’a pas été inventé par les Aborigènes. Il nous vient des colons blancs qui, lorsqu’ils ont entendu le didgeridoo, ont trouvé ce son très étrange et incompréhensible. Ils l’ont donc nommé afin de se rapprocher le plus possible de ce son étonnant… Et ça à donné didgeridoo ! Pas étonnant que tout le monde fronce les sourcils quand on sort ce nom, c’était fait pour ça ! Pour les Aborigènes, le didgeridoo a des dizaines de noms différents, cependant les plus populaires sont Mago et Yidaki (cf. photos)
Le Yidaki
On trouve principalement dans le nord-est de la Terre d’Arnhem, il se caractérise par sa forme conique et sa longueur (en moyenne 1m60) offrant ainsi une forte pression favorisant un style basé sur les survibrations (son de trompette).
Djalu Guruwiwi jouant un Yidaki.
Le Mago
De forme plus cylindrique et souvent de petite taille (entre 1m et 1m40) les magos sont originaires de l’ouest de la Terre d’Arnhem. Sa forme lui donne un son plus rond, dans lesquelles les harmoniques seront plus développés.
Darryl Dikarrna parle et joue de son Mago.
Une musique ritualisée
Chez les Aborigènes, le joueur de didgeridoo accompagne le chanteur et le danseur durant les différentes cérémonies (initiation, décès…). Lors de ces rituels, le chanteur tient la place la plus importante, suivit par le danseur et en dernier arrive le joueur de didgeridoo. Celui-ci est donc loin d’avoir la première place ! Pendant ces rites, chaque individu raconte l’histoire dont il est responsable. Ce mythe lui a été transmis par un ancien et le jour venu il devra la transmettre à son tour à la génération suivante. Cette transmission orale leur a permis de conserver des récits incroyablement précis de génération en génération.
La mythologie des Aborigènes d’Australie
Toutes ses histoires forment leur mythologie appelée le Temps du rêve (Dreamtime) ou Tjukurpa. Elles peuvent par exemple, décrire le kangourou qui va boire au billabong (un trou d’eau), l’histoire de la fourmi à miel ou encore celle du serpent arc-en-ciel façonnant la terre sur son passage… Une cérémonie est un moment durant lequel les Aborigènes dévoilent chacun leur récit. Ces histoires peuvent paraître simplistes, mais elles sont bien plus que ça. Elles ont un lien direct avec la nature et l’histoire des Aborigènes. En effet, le Temps du rêve représente la loi à respecter, le chemin à suivre par la communauté. Certains Aborigènes pourront même vous raconter comment, et avec une grande précision, les premiers colons sont arrivés en Australie à la fin du XVIIIième siècle ! Nous avons nos archives nationales, eux les ont directement intégrées dans leur mémoire ! Pour plus d’infos à ce sujet, je ne peux que vous conseiller ce documentaire passionnant de Bentley Dean et Martin Butler.
Le didgeridoo : le souffle des ancêtres
À regarder de plus près les origines du didgeridoo, on comprend mieux pourquoi il semble nous murmurer l’histoire du monde. Il fait résonner à lui seul, la voix de tout un peuple qui a vécu des millénaires paisiblement sur un continent isolé du reste du monde. Ainsi, pour chaque Aborigène et chaque être vivant, faisons résonner le didgeridoo en hommage à ce peuple qui a su nous le transmettre. Merci à eux.
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Désolée, Gauthier, je voulais mettre cinq étoiles pour ton article que j’ai trouvé super et quelque chose n’a pas fonctionné, de ce fait seulement deux étoiles se sont affichées… est-ce possible de corriger cela?
Ahah flûte ! Je ne crois pas avoir la possibilité de modifier cette note ! Du coup, je me suis noté 5 étoiles pour contrebalancer un peu. 😉
Du coup, j’ai quand même la moyenne ! 😅
Au hasard de mes lectures très orientées en ce moment j’ai découvert que le didgeridoo pouvait également être utilisé pour pêcher…
Un bon hameçon au bout du didg et hop… non je plaisante.
Une étude menée par Ms Hast dans le cadre du « Dolphin Research Project » en 1992 a montrée que les dauphins sont attirés prés du rivage par le son du didgeridoo et des clap sticks.
Ceci étant bien documenté dans les tribus proche de la côte. Celles ci utilisaient leurs instruments pour attirer les dauphins, dauphins qui en arrivant attiraient avec eux les poissons dans les eaux très peu profondes là ou les dauphins ne pouvaient les attraper mais là où les pécheurs pouvaient le faire. CQFD. En récompense les pécheurs donnaient des poissons aux dauphins. C’est en quelque sorte un échange de bon procédés inter-espèce (ou bien alors un conditionnement Pavlovien avant l’heure).
Voila, peut être le savais tu déjà. Ceci dit je trouve cette notion assez intéressante sur le plan anthropologique et symbolique.
Merci Simon, j’avais entendu parlé cette histoire avec les Dauphin mais je ne savais pas du tout que les Aborigènes pouvaient s’en servir pour pêcher.
Je serais très intéressé d’avoir le lien ou le doc sur lequel tu as vu ça… 🙂
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