Le didgeridoo peut jouer des mélodies. La preuve en est dans cet article où je vous propose trois techniques pour développer vos propres mélodies !
Cela fait plusieurs années que je me questionne et que je recherche sur cette question. D’autres joueurs ont aussi cette démarche, mais pour le moment il faut bien avouer que le didgeridoo n’a pas encore vraiment dévoilé ses pleines capacités mélodiques. Ceci dit, quelques pistes sont très prometteuses ! Parmi celles-ci, il en ressort trois grandes. Ces trois axes mélodiques peuvent, à terme, apporter au didgeridoo un sens musical plus fin et plus raffiné. Voyons ensemble ces trois techniques qui ont le potentiel de tout simplement révolutionner l’approche du didgeridoo contemporain dans les années à venir.
NB : Si vous êtes débutant et si vous ne connaissez pas les termes employés, je vous conseille de regarder cette vidéo dans laquelle je présente le didgeridoo.
La tension des lèvres : la mélodie des basses
Un didgeridoo est conçu pour jouer une seule note, mais le fait de pincer plus ou moins les lèvres va jouer sur la note de l’instrument. Rien ne nous empêche donc de tourner autour de la note de base (voir cette vidéo sur le bourdon). C’est ce qui est appelé les sous-vibration et sur-vibrations.
Les sous-vibrations au didgeridoo
En ouvrant les lèvres, on abaisse la note du didgeridoo : c’est la sous-vibration. En poussant à l’extrême cette technique, on peut même atteindre l’octave en dessous de la note du didgeridoo ! C’est ce que William Thoren, un joueur américain, à développé et qu’il a nommé « Multi-drone ». Cette technique donne alors accès à toutes les notes situées entre le bourdon de base et son octave. Inimaginable jusqu’à il y encore quelques années ! Mais attention, ici la maîtrise est de mise. Et la moindre erreur de positionnement ne pardonne pas. C’est donc un gros travail de précision, mais cela n’en reste pas moins une des possibilités de développer une mélodie dans le didgeridoo. Je vous propose de la nommer la mélodie des basses.
William Thoren expliquant sa technique novatrice du multi-drone (en anglais).
Les sur-vibrations au didgeridoo
Si le joueur peut relâcher les lèvres, il peut aussi les serrer, il jouera alors en sur-vibration. Cette technique apporte aussi une approche mélodique, mais à moins d’avoir un didgeridoo conçu pour cette technique, l’écart des sur-vibrations limitent franchement la composition. Dan Flynn (encore un américain !… Les américains ont pas mal innové ces dernières années dans le didgeridoo) a développé cette technique de sur-vibration. Pour faire un raccourci, c’est la même chose que William Thoren en inversé : là où William à cherché au dessous de la note, Dan joue au-dessus. Même si j’admire la précision et la rigueur de sa démarche, le souci est qu’elle nécessite un didgeridoo créé uniquement dans le but d’être joué ainsi. Je parle donc de cette technique mais sans la prendre en compte car elle n’est accessible qu’aux joueurs équipés de ce genre d’instrument.
Dan Flynn jouant son didgeridoo aux sur-vibrations étonnantes !
La voix : la mélodie des médiums
Il est possible de chanter dans un didgeridoo. C’est d’ailleurs ce que font les Aborigènes d’Australie à chaque fois qu’ils jouent. La voix ajoute une tessiture très particulière dans le timbre de l’instrument. Si celle-ci est accordée avec le didgeridoo alors il s’en dégage un son harmonieux. À contrario, si la note est dissonante, le son « racle » (ce qui est très bien aussi, c’est juste un autre effet). Ainsi, la quinte sonne en parfaite harmonie avec le bourdon. Par exemple, si vous jouez un do en chantant un sol dans votre didgeridoo. Vous entendrez les deux sons se marier harmonieusement (vous pouvez vous aider d’un clavier pour trouver le sol).
À mon sens, LE joueur qui a réellement développé la mélodie par la voix est Denra Dürr (suisse-allemand). Malheureusement, il a arrêté avant qu’internet ne se soit développé et il est difficile de trouver des informations à son sujet. À l’époque, pas mal de joueurs disaient : « C’est bien ce qu’il fait, c’est pas technique, mais ça sonne bien. ». En réalité, les techniques de voix qu’il avait développé ne sont toujours pas jouées de nos jours. Denra Dürr avait plusieurs années d’avance !
Pour cette technique, l’idéal serait d’apprendre à chanter… Avant cela, vous pouvez vous entraîner en chantant des chants simples et commencer à ressentir votre voix avec votre didgeridoo. Si vous souhaitez avoir une grande amplitude, chantez dans les médiums, c’est-à-dire avec votre voix naturelle (n’allez pas dans les aigus ni trop dans les basses). Amusez-vous à faire racler votre voix ou à l’harmoniser avec votre bourdon. On pourrait dire que la voix dans le didgeridoo est la mélodie des médiums (en réalité, c’est plus complexe que cela, car vous pouvez aussi chanter dans les aigus, mais cela demande plus de pratique. Je simplifie pour ne pas alourdir l’article !).
Denra Dürr jouant « la danse des gnomes » dans son superbe album Lezard Mystery
Les harmoniques : la mélodie des aiguës
Aaah mes amies les harmoniques ! Elles sont rarement développées, car elles demandent des heures de travail pour une progression très lente. Et pourtant elles permettent, elles aussi, de développer des mélodies à part entière dans le didgeridoo. Chaque harmonique se définit par une note avec laquelle le joueur peut composer. J’ai commencé à développer cette idée dans mon album Renaissance. Pour l’occasion, j’ai mis en ligne le premier morceau de l’album. Écoutez la mélodie des harmoniques qui s’installe dans l’introduction. Vous devriez l’entendre facilement.
Le morceau « À l’autre bout du monde » de mon deuxième album Renaissance.
Enfin, pour bien comprendre le potentiel des harmoniques dans le didgeridoo, il n’y a qu’à écouter les chanteurs diphoniques. Ils nous prouvent que nous n’avons aucune excuse pour ne pas créer de belles mélodies !
Une mélodie chantée grâce au chant diphonique.
En conclusion : Une mélodie oui, mais avec précision
S’il reste possible de créer des rythmes au bout de quelques heures de didgeridoo, la mélodie, elle, est plus exigeante. En effet, le point commun de ces trois techniques est le haut degré de précision qu’elles exigent. C’est certainement d’ailleurs la raison pour laquelle l’équilibre entre rythme et mélodie n’est pas encore atteint. Mais qu’on se le dise : le didgeridoo est un instrument mélodique ! Réalisez le potentiel latent qu’il reste encore à développer… si, vous, joueurs de didgeridoo commencez à rechercher alors les prochaines années nous réservent encore bien des surprises ! Alors mes amis, en avant pour la mélodie !
Et si vous avez aimé cet article, partagez-le sans hésiter, c’est le meilleur moyen de dire merci. Je vous assure que ça fait plaisir ! 😉
Salut Gauthier, dimanche pluvieux en Corrèze, temps idéal pour travailler mon didj ! Merci pour cet article, tu m’as, une fois de plus, permis de découvrir un aspect supplémentaire de cet improbable et cependant fantastique instrument.
Avec plaisir Lise ! Je vois que tu es en Corrèze, je ne sais pas si tu as vu le stage qui aura lieu à La Coquille, ça n’est peut-être pas loin de chez toi.
Tu fais bien évidemment comme tu le sens, je te transmets juste l’info ! 🙂
Bonjour Gauthier, merci pour tes articles tous aussi passionnants et instructifs les uns et les autres. Question de débutant : dans sa vidéo William Thoren classe la tonalité fondamentale de son didg en Mi (E) mais obtient de lui un Si (B). Le didgeridoo ne pouvant produire qu’une seule note, comment donc admettre que l’instrument soit un Mi plutôt qu’un Si ? Merci. Thierry
Bonjour Thierry,
Bonne remarque ! En fait, William a développé une technique de jeu qui permet d’aller chercher des notes sous la note de base (le bourdon) du didgeridoo. En détendant les lèvres, ce que l’on appelle une sous-vibration, il fait résonner l’instrument plus bas que prévu.
Même si on ne peut pas avoir un son si riche en harmonique que le bourdon, ça reste une technique très intéressante à explorer. Je la conseillerais cependant dans un second temps, une fois les bases bien acquises.
Et merci pour ton retour à propos de Wakademy !
Salut Gauthier,
Est-ce que ça t’arrive souvent de jouer sans Didgeridoo ?
Est-ce possible de faire des harmoniques ainsi, sans instrument ni chant ?
Belle journée,
Alexandre
Salut Alexandre,
Oui ça m’arrive très régulièrement, au volant notamment. Ça me permet de bosser quand je n’ai pas le temps de pratiquer mon didge. C’est vraiment excellent pour progresser. 🙂
Par contre, tu n’auras pas d’harmoniques, tu entendras les voyelles mais elle ne sonneront ps comme des harmoniques.
Je ne peux que t’encourager à jouer sans didgeridoo, comme je l’explique dans cette vidéo :
https://gauthieraube.com/video-exercice-progresser-didgeridoo/
J’ai du mal à comprendre la mélodie harmonique, je l’entends très bien dans le « sifflement » du chant diphonique, mais dans l’introduction de ton son j’ai du mal à saisir ce que je dois entendre comme étant la mélodie harmonique. Pourrais-tu éclairer ma lanterne ? 🙂
Salut François,
Si tu écoutes à partir de 21 secondes environs il y a la mélodie qui s’installe. Elle ne ressort pas comme dans le chant diphonique car nous avons, avec le didgeridoo, beaucoup plus de fréquences qui englobent les harmoniques.
Est-ce que tu entends la mélodie qui est jouée ?
Pour tous les amateurs de melodie dans le didgeridoo ! 😉
http://www.smeykal.com/73/en/singing-didgeridoo/
Merci Oboréal, ça profitera à tous le monde ici. 🙂