Le chant diphonique Kargyraa, originaire de Mongolie et de Touva, est une forme d’art vocal fascinante qui, bien qu’il puisse sembler étrange aux oreilles occidentales, offre une profondeur et une résonance émotionnelle inégalées. Je vous propose de découvrir ce qui fait sa spécificité mais aussi de vous donner quelques clés pour commencer à le pratiquer par vous-même.
Avant toute chose : qu’est-ce que le kargyraa ?
Également connu sous le nom de khöömii profond, le Kargyraa est un chant diphonique et guttural. Cette technique vocale mongole produit des sonorités graves et profondes, évoquant le timbre du didgeridoo (que vous connaissez bien ici !) mais aussi des animaux sauvages ou même du tonnerre. Les maîtres du Kargyraa trouvent leur inspiration dans l’imitation des sifflements du vent et de leurs échos dans les montagnes. Cette pratique est solidement ancrée dans la culture nomade mongole, qui valorise la connexion avec un environnement naturel étagé, allant du souterrain au céleste.
En réalité, la conception mongole du timbre révèle une approche singulière de l’utilisation du corps en relation avec l’environnement, se manifestant à travers l’apprentissage et l’évocation de la verticalité. Cette perspective unique se déploie à divers niveaux, illustrée par des éléments tels que l’écriture verticale traditionnelle, la présence disséminée de cairns dans la steppe agissant comme des repères spatiaux, et la manière dont l’homme interagit avec le surnaturel, influençant également la perception de l’espace à l’intérieur de la yourte. Les sons de l’eau jouent aussi un rôle crucial dans la formation du Kargyraa et du chant diphonique, où les pratiquants s’efforcent souvent d’imiter le doux murmure d’un ruisseau ou le rugissement d’une rivière pour perfectionner leur technique.
Mais comment pratique-t-on le Kargyraa ?
Également surnommé chant de gorge ou throat singing, le Kargyraa est une technique vocale unique qui crée une tonalité une octave en dessous de la voix modale. Cet effet est obtenu en vibrant simultanément les cordes vocales (plis vocaux) et les fausses cordes vocales (bandes ventriculaires). L’entraînement au Kargyraa exige une finesse de jeu avec la résonance, résultant en une mélodie complexe et captivante caractérisée par des harmoniques riches et des nuances sonores subtiles. Maîtriser cette technique vocale exige une excellente maîtrise du souffle, de la voix et du corps.
Mais pour mieux vous rendre compte, je vous ai préparé une démonstration en vidéo (+ les explications que je vous donne plus bas dans l’article) :
3 étapes essentielles pour un Kargyraa puissant
1. Maîtrisez votre respiration
Tout comme le didgeridoo, la respiration est le pilier de tout chant diphonique et donc du Kargyraa. Cultivez une respiration ample et contrôlée est un élément clé pour produire des sonorités graves et profondes. L’entraînement à la respiration abdominale et diaphragmatique renforcera votre capacité respiratoire, favorisant des performances vocales plus puissantes. Voilà donc une bonne technique à travailler entre vos cessions de didgeridoo. 😉
2. Entraînez vos fausses cordes vocales à vibrer
Le Kargyraa nécessite une coordination exceptionnelle entre les cordes vocales et les fausses cordes vocales. Pour développer cette coordination, je vous propose sept sons, tous dans le registre des basses, à imiter (choisissez celui qui vous parle le plus) :
- La toux profonde : En imitant une toux profonde, vous découvrirez la sensation de vibration des fausses cordes vocales. Pour obtenir un ton grave et profond, prolongez cette vibration en relâchant les muscles de la gorge.
- Le bruit d’une moto : Pour reproduire le ronronnement d’une moto, concentrez-vous sur une vibration profonde et constante. Vous pouvez ajuster l’intensité et la fréquence de la vibration en modulant la pression de l’air.
- Le bruit d’un marteau-piqueur : L’imitation du bruit d’un marteau-piqueur implique une vibration intense et rythmée. Commencez en douceur et augmentez progressivement l’intensité de la vibration en contractant légèrement les muscles de la gorge.
- Le gargouillement d’un drain d’évier : Pour reproduire ce son, créez une vibration similaire à celle produite par l’eau s’écoulant dans un drain d’évier. Concentrez-vous sur une vibration profonde et constante pour capturer la résonance de ce son.
- Le grondement d’un tonnerre lointain : Imaginez le grondement du tonnerre au loin. Pour imiter ce son, tentez de produire une vibration basse et continue, tout en contrôlant l’intensité de la vibration.
- Le bourdonnement d’une contrebasse : La contrebasse produit un son grave et résonant. Essayez de reproduire ce bourdonnement en faisant vibrer vos fausses cordes vocales, ce qui générera un son riche et profond.
- Le rugissement de lion, de tigre ou d’un ours : En imitant leurs rugissements, vous explorez la vibration de vos fausses cordes vocales dans le but de produire des tonalités graves et profondes.
- Le bourdon d’un didgeridoo : Nous sommes ici sur Wakademy, donc vous pouvez aussi très bien imiter le bourdon du didgeridoo, il vous permettra aussi de travailler sur une vibration profonde.
3. Jouez avec la résonance
La résonance est une composante cruciale du Kargyraa. En quête d’une pratique vocale plus fluide et maîtrisée, les détails de l’articulation, tels que l’utilisation des lèvres, de la langue, du voile du palais et la hauteur du larynx, ne doivent pas être négligés. Considérez ces aspects comme des pinceaux sculptant l’œuvre de votre voix. En ajustant ces éléments de manière consciente, vous perfectionnerez votre technique.
Pour approfondir votre pratique du Kargyraa (et du chant diphonique en général)
Si vous êtes prêt.e à approfondir votre pratique, je vous propose plusieurs solutions.
Tout d’abord, vous pouvez suivre ce tuto gratuit dans lequel je vous explique les 3 clés indispensables de manière plus approfondie. Ensuite, voilà le lien de ma chaine YouTube sur laquelle je donne de nombreux conseils sur le chant diphonique.
Et enfin, si vous souhaitez pousser l’apprentissage bien plus loin et commencer à pratiquer sérieusement le chant diphonique, je vous invite à consulter ma formation en ligne, L’Art du Chant Diphonique ou à visiter notre programme de mentorat personnalisé, Overtone Singer (structuré en six modules distincts et douze séances individuelles).
Le Kargyraa est une technique exigeante et demande un vrai investissement, mais la patience et la détermination mènent à des expériences musicales profondes et bouleversantes… De mon côté, la pratique du chant diphonique a littéralement transformé ma vie, et bien évidemment, je vous souhaite de vivre à votre tour de belles expériences avec la chant Kargyraa !
Je suis impatient de lire vos retours !
