Pourquoi le marketing va sauver le didgeridoo ?

Tout le monde connait le marketing… et sa mauvaise réputation. Pourtant cette discipline pourrait a elle seule permettre aux fabricants de didgeridoo de prospérer, éloigner les néophytes des vendeurs peu scrupuleux et enfin, protéger l’art Aborigène.

Bon, j’avoue. Le titre est un peu provoc’. C’est mon pêché mignon, j’aime parfois secouer le cocotier ! Mais bon, à l’heure où le didgeridoo compte des dizaines de milliers de joueurs à travers le monde, où les Aborigènes d’Australie sont trop souvent arnaqués par des blancs mercantiles, où 95% des débutants achètent des instruments chers et de mauvaise qualité, où plus d’un passionné de didgeridoo aimerait vivre de sa passion, il est temps de démystifier cette discipline qui fait frémir les honnêtes gens : le marketing. Entre communication non-violente et spiritualité, vous serez surpris jusqu’où peuvent nous mener les voies du marketing ! 😉

Mais au fait, c’est quoi le Marketing ?

Il parait qu’en philo, on commence toujours par définir les termes utilisés dans l’exposé, cela évite quelques malentendus. Voici donc ce que Google nous dit à propos de cette discipline :

Wikipedia

Il existe de nombreuses définitions du marketing sur Wikipedia, en voici une simple et rapidement compréhensible :
« Le marketing, est le fait de détecter les besoins des consommateurs pour réaliser le produit adéquat, ce qui facilite la vente. »

Larousse

Et sur le site de Larousse on trouve : « Ensemble des actions qui ont pour objet de connaître, de prévoir et, éventuellement, de stimuler les besoins des consommateurs à l’égard des biens et des services et d’adapter la production et la commercialisation aux besoins ainsi précisés. ». Pour faire court, en parlant de marketing, on parle de besoins. Tout l’enjeu réside donc dans le fait de répondre aux besoins d’un groupe précis…

Les besoins en marketing

L’année dernière, j’aimais aller marcher tous les matins environ 30 minutes. Je passais par un parc aux abords de chez moi et profitais de ce moment privilégié pour écouter des conférences sur divers sujets.

Parmi tous les thèmes abordés, la communication non-violente a retenu mon attention. Sur ses vidéos, Marshall B. Rosenberg (créateur de cette méthode) nous explique que « La violence est l’expression tragique d’un besoin inassouvi. ». Ainsi Marshall nous explique que rester à l’écoute de nos propres besoins et de ceux des autres est la clé d’une relation harmonieuse entre deux entités (personnes, pays, entreprise…).

Or, le marketing place aussi les besoins au centre de son processus. C’est d’ailleurs pour ça qu’il peut-être si puissant (et si souvent détourné à des fins abusives, j’en parle ensuite). Allons voir comment cette vision des besoins ma poussé à ré-écrire entièrement ma méthode de didgeridoo.

15 ans de didgeridoo pour enfin écouter vos besoins

En 2008, j’ai commencé la rédaction de ma première méthode de didgeridoo. Sortie en 2011, elle s’est vendue à plus de 1500 exemplaires en 7 ans. Plutôt pas mal pour quelqu’un qui ne connaissait rien au marketing (et qui le détestait même) ! À l’époque, j’étais auto-centré sur ce que je voulais donner. J’avais la prétention de connaitre les besoins des joueurs.

Quelle erreur !

Heureusement pour moi, j’ai eu de la chance. Mon livre était la première méthode de didgeridoo à aborder toutes les techniques contemporaines, ce qui répondait à un besoin global d’apprentissage des joueurs de didgeridoo. Il m’aura fallu, plus de 8 ans pour réaliser l’importance d’écouter le besoin des autres (dans ma vie professionnelle comme personnelle, il était temps !!). En 2016, je me suis donc mis à l’écoute de ce que les joueurs me disaient.

Ainsi, j’étais sorti du piège du « Je sais ce que les joueurs attendent. ». Le marketing ma aidé à repenser toute ma méthode. Je l’ai divisé en 5 tomes. Chacun visant un besoin précis. Ce choix a beaucoup d’avantage :

  • Approfondir le sujet au maximum
  • Adapter mon enseignement au public visé
  • Mieux répondre aux questions
  • Adapter les rythmes et les exercices aux niveaux requis

Ainsi, la méthode « Comment jouer vos premiers rythmes au didgeridoo » donne des réponses aux personnes désireuses d’apprendre ou de consolider toutes les bases du didgeridoo. Le tome 2 répondra à toutes les questions liées aux différentes respirations, le tome 3 parlera des attaques au didgeridoo… etc.

Bien sûr, pour être honnête avec vous, ce remaniement augmente aussi les ventes ce qui me permet de vivre honnêtement de ma passion. Ainsi, tout le monde est gagnant. D’ailleurs, j’en profite pour remercier les centaines de joueurs qui m’ont déjà fait confiance en achetant le tome 1 de ma méthode.

Marshall Rosenberg, inventeur de la CNV

« Les êtres sont épanouis si les besoins sont comblés »

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Marshall B. Rosenberg

Une autre définition du marketing

Seth Godins est un des plus grand marketeur américain au monde. Il a été entre autre responsable du marketing direct de Yahoo et a écrit de nombreux livres comme le très réputé « La vache pourpre ». Seth a sa propre définition du marketing. Je la trouve passionnante et voilà en quoi elle se résume : « Le marketing est l’art de diffuser une idée. ».

Simple et efficace.

Quand j’ai lu cette définition pour la première fois, cela m’a littéralement ouvert l’esprit. Je me suis dit « Aaaah ok, le marketing c’est ça ! C’est génial en fait ! Je vais enfin pouvoir diffuser efficacement mes convictions autour du didgeridoo. ».

En partant de cette définition, Seth Godins explique dans son livre « Tous les marqueteur racontent des histoires » que des guerres, des famines et d’autres atrocités auraient pu être évitées grâce au marketing. Voyons donc à travers deux exemples comment cet « art de diffuser une idée » pourrait bien aider notre bon vieux bout de bois !

Seth Godins, pape du marketing aux Etats-unis

« Le marketing est l’art de diffuser une idée »

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Seth Godins

Vivre (convenablement) du didgeridoo est possible !

Chaque année, des milliers de didgeridoos se vendent dans le monde. Malheureusement, une grosse majorité sont des didgeridoos bas de gammes (lire aussi : « Attention aux didgeridoo pas chers ») importés d’Indonésie.

Pourtant depuis plus de 20 ans, des passionnés s’investissent dans la fabrication de didgeridoo : des bambous de David Defois (lire aussi : Interview de David Defois : créateur du didgeridoo-trombone !) aux didgeridoos haut de gamme d’Ujazi (lire aussi : Ujazi didgeridoo – Un fabricant de didgeridoo qui monte !) ou CrooKedStiXz (lire aussi : 5 fabricants de didgeridoos (haut de gamme) à connaître), certains fabricants et acteurs du didgeridoo proposent aujourd’hui d’excellents instruments qui méritent une plus grande visibilité. Pourquoi alors des milliers de personnes continuent chaque année d’acheter des didgeridoos médiocres ? Vous allez me dire : « Ben… C’est ce qu’on trouve sur internet ou dans les magasins de musique. » Et vous aurez raison !

L’industrie est bien meilleure en terme de marketing, de diffusion et de tarifs. Sur ce plan, nous avons très peu de chances de les concurrencer. En revanche, elles pêchent sur l’authenticité, l’écologie, l’approche artisanale et la passion qui animent les acteurs du didgeridoo.
L’industrie du didgeridoo vends en gros et pour pas cher, rien de très attrayant pour le joueur connaisseur. Attention, je ne dis pas que les fabricants de didgeridoo pourront un jour remplacer les industriels. C’est impossible. Je dis qu’ils pourraient facilement vivre du didgeridoo s’ils arrivaient à récupérer une infime partie des milliers d’acheteurs de didgeridoo.

Tout leur défi est donc de réussir à :

  • Etudier les besoins des passionnés de didgeridoo (Que recherchent-ils ? Combien sont-ils prêts à donner pour ce qu’ils recherchent ?…)
  • fabriquer d’excellents didgeridoos adaptés à ces besoins (tout en respectant sa propre vision du didgeridoo)
  • Parvenir à convaincre que leurs didgeridoos sont (pour toutes les raisons citées plus haut) uniques, et que ces raisons justifient leur prix.

Ainsi, les fabricants de didgeridoos pourraient vivre mieux (ou vivre tout court) de leur art, et les joueurs, mieux informés, encourageraient la production artisanale en achetant de meilleurs instruments. Une fois de plus, tout le monde serait gagnant.

Parlons maintenant de la culture Aborigène.

Rendre justice aux Aborigènes d’Australie

Au mois de mars dernier, je suis allé aux puces du canal à Lyon pour chiner et profiter des premiers soleils de printemps. Nous nous promenions avec ma compagne quand, surprise, nous sommes tombés sur une galerie d’art Aborigènes ! Piqués de curiosité, nous rentrons dans la boutique. Mon regard est attiré par des didgeridoos exposés contre le mur. Je reconnais tout de suite des didgeridoos en teck et eucalyptus d’Indonésie (lire aussi : Attention aux didgeridoos pas chers !), pâle copie des instruments traditionnels Aborigènes. Voyant mon attrait pour ses « didgeridoos », le vendeur s’approche de moi avec un grand sourire.

Afin de tester son honnêteté, je feins de ne pas connaitre le didgeridoo et lui pose mes questions. Il me répond sans broncher que ce sont des didgeridoos traditionnels d’Australie, peints par des Aborigènes et creusés par les termites. Bref, il raconte son bla-bla de vendeur.

A l’intérieur de moi, je fulmine. Je demande le prix… Aïe.

Il m’indique alors un didgeridoo (soit-disant) de cérémonie joué par des Aborigènes (… Blablabla…) Aussi m’explique-t-il que dans ce contexte particulier son prix est à 800€ ! Il n’est pas rare qu’un Yidaki (instrument traditionnel) soit vendu cette somme (lire aussi : Aux origines du didgeridoo : les Aborigènes d’Australie). C’est tout à fait justifié suivant l’instrument. Mais chez lui, les instruments qu’il me montre se vendent 60€ sur internet… Bref, j’ai tourné les talons et je suis parti.

Dans ces moments-là, je pense aux Aborigènes d’Australie dont la culture se fait trop souvent exploiter par des blancs peu scrupuleux et malheureusement formés en marketing ! Peut-être cet homme ignorait-il ce qu’il vendait (même si j’en doute). Néanmoins, l’important est d’agir et ne pas laisser ce genre d’abus se propager par ignorance. Tâchons donc de diffuser nos idées afin d’éduquer au maximum les futurs acheteurs.

Heureusement, il existe aussi des personnes qui travaillent dans le respect des Aborigènes d’Australie, c’est le cas de Gregory Zwingelstein, un ami passionné, créateur de didgeridoo-passion (lire aussi : Interview | Grégory Zwingelstein – Le didgeridoo éthique). Chez lui, vous êtes certains de trouver des Yidaki et Mago dans le respect de la culture Aborigène (je précise que je ne touche rien sur les ventes, j’aime juste encourager les amis qui bossent bien !).

Il n’y a pas de mauvais marketing, il n’y a que de mauvais marketeur

En octobre 2018, j’ai lancé Wakademy, l’école française du didgeridoo. Une première mondiale dont je suis fier, mais qui se doit d’être bien réfléchi pour fonctionner. En effet, si je ne parvenais pas à vous donner envie de vous inscrire et participer à cette aventure avec moi, Wakademy serait rapidement un flop…

J’ai donc passé du temps à lire sur l’entrepreunariat et sur le marketing. Et bien sûr, je suis parfois tombé sur des aberrations, des livres ultra-libéraux aux discours qui donnent la nausée. Ou encore des sites internet qui proposent de vous révéler l’ultime secret pour gagner 10000€ par mois en faisant quasiment rien. Vous connaissez certainement ces annonces alléchantes.

Mais ces arnaques ne sont pas « LE marketing », ce sont « DU marketing », et du mauvais. Tout comme il existe des bons et des mauvais dentistes, il existe des bons et des mauvais marketeurs. Ces dérives ne sont pas la faute du marketing mais de l’humain qui l’utilise. Tout comme le couteau est un bon outil pour couper le pain, il est aussi malheureusement très efficace pour nuire à son prochain.

Ceci-dit, admettons-le, en marketing l’appât du gain est grand et les pièges sont nombreux :

  • Manipulation malsaine,
  • Malhonnêteté en tirant profits des plus faibles,
  • Prix excessif en rapport au produit ou service proposé (bien que ce point soit très subjectif), voire attribution démesurée du budget pour le marketing au détriment du développement produit en lui-même,
  • Le but justifie souvent des moyens peu orthodoxes.

Même si ces vices font la réputation du marketing, nous pouvons les aborder de deux façons :

  • Se concentrer sur les mauvais marketeur et laisser monter notre colère.
  • Se former au marketing et nous faire entendre. Sur cette voie, il est essentiel d’être intègre et sincère pour dépasser sa crainte (je l’ai eu aussi) de basculer du côté obscur du marketing.

Ma Anandamayi disait : « La sincérité est la plus grande qualité d’un chercheur spirituel ». Si l’on considère que spirituel se définit par : « Qui est de l’ordre de l’esprit, considéré comme distinct de la matière ». Cette recommandation s’applique donc largement à toute forme de cheminement intérieur. Ainsi, j’aime à penser qu’en étant honnête et sincère, personne ne peut nous reprocher de gagner notre vie. Ayons donc confiance en notre sincérité et mettons-nous au travail !

Et puis, de toute façon, nous faisons déjà tous du marketing sans le savoir, alors autant en être conscient, ça sera plus efficace. 😉

Ma Anandamaye, sainte indienne du XXeme siècle

« La sincérité est la plus grande qualité d’un chercheur spirituel »

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Ma Anandamayi

Conclusion : Passionné(e)s de didgeridoo, diffusons notre message

A l’heure où l’information circule à la vitesse de la lumière, il est crucial d’apprendre à diffuser ses idées en restant à l’écoute des remarques de chacun. Ami(e)s du didgeridoo, professionnels et amateurs, tâchons de partager notre passion du didgeridoo (et de tout autre sujet) en restant pédagogue, afin que tous se sentent inclus. Alors dans la simplicité du souffle, chacun résonnera de sa propre singularité dans le respect du didgeridoo et des Aborigènes d’Australie.

Pour continuer sur le thème abordé dans le sujet, en commentant ou en partageant cet article, vous contribuez à mon besoin de partager ma passion et de gagner convenablement ma vie. Merci d’avance !

À propos de l'auteur

Gauthier Aubé

Gauthier Aubé

Ami.e.s du didgeridoo bonjour ! Je m'appelle Gauthier Aubé et je suis le fondateur de Wakademy, l'école française du didgeridoo. Si vous vous demandez comment Wakademy peut vous aider à progresser au didgeridoo, je vous invite à visiter cette page. D'ici là, longue vie au souffle ! 💫

À vous la parole ! 🎤

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Karl Esprit Nomade
Karl Esprit Nomade
3 années il y a

Très intéressant et pertinent Gauthier.
Ça permets de réfléchir les choses en prenant du recul.
Effectivement la sincérité que l’on met dans ce qu’on fait pour changer bien des choses.

« ce n’est pas le marketing, mais un marketing ».
Comme tant d’autres choses, on s’enferme vite dans la pensée dominante (qui peut pour la peine devenir unique).
Merci à toi pour ce très bon article. Ça me donne matière à réfléchir 🙂

Didj'Oun
Didj'Oun
5 années il y a

Le digeridoo chacal n’a que trop résigné , place au digeridoo girafe !

Kev
Kev
5 années il y a

Chapeau, sa fait du bien de lire sa, continue…

David
David
5 années il y a

Salut Gauthier !!

Chouette article qui décrit à merveille une partie de mon métier (developpement produit, CNV,…). Merci pour celui ci je pense comme toi que le monde du didg pourrait largement s insiprer de techniques pour diffuser ses idées et vivre de celles ci. Il existe aussi des industriels sincères et honnêtes qui aident à faire avancer (en volume certe) leurs idées de manière vertueuse (RSE, Label, Réseaux Bio,…). J espère que l avenir verra émerger ce genre d entreprise dans le monde du didg au sens large pour faire concurrence à ces escrots.

Bravo pour tes projets, ils sont beaux !

Albertine
Albertine
5 années il y a

Je suis très émue de lire ton article Gauthier!
Tu es un être engagé,sincère ,passionné et passionnant ….je suis fan et me dépêche de lire les articles dès que je reçois le mail!!
Ça donne envie d’apprendre le didgeridoo !
Bravo et merci de notre part!!!

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